"Compétence et action, servir le bien commun" F Ce site est purement informatif et non marchand. Il ne présente pas de problème de sécurité.
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"Vie de la cité", "bien commun", l'intelligence n'est plus en haut mais partout...Sous la chape d'une bien-pensance hypocrite et d'une décomplexion de bon ton nous vivons une période totalement paradoxale. De confusion existentielle, tout d'abord, avec une crise des valeurs à laquelle le monde purement matérialiste ne répond à aucune des questions, engendrant et se nourrissant des quatre excès que sont le pillage écologique, le fanatisme financier, le totalitarisme rampant et l'intégrisme religieux. D'inanité morale, ensuite, avec la perte des symboles, où tout est mis sur le même plan, où le mensonge et l'incompétence ne posent pas problème et où la duplicité des responsabilités se généralise. D'obscurantisme dogmatique, enfin, avec une crise des convictions privant les sujets d'autonomie de pensée et de capacité critique car ne se fondant plus que sur des relativismes égoïstes et étriqués, sur des lectures superficielles parfois aberrantes et sur des explications littérales et cloisonnées de la réalité.
Pourtant ne générons-nous pas ce que nous déplorons en nous
autorisant tacitement les uns les autres - le plus souvent inconsciemment - à faire ce
que nous réprouvons par ailleurs ? Nous sommes divisés (intérieurement et
extérieurement), opposés les uns aux autres, infantilisés, culpabilisés et maintenus dans
une incessante régression ("jouissez, consommez, connectez-vous, regardez la
télé et laissez-nous penser et décider...").
Nos institutions
sont d'un autre âge, nos fonctionnement sociaux faits de pouvoirs oligarchiques, de rapports de force
primaires,
de conformisme et de soumission à l'autorité. Cette situation, qui repose sur nos pluralités
intérieures (clivages, ambivalences, rationalités limitées), pourrait
cesser de nous pousser à l'incohérence dans la mesure où serait rendu
possible l'exercice des intelligences
individuelles en interaction avec
la dynamique d'un sens collectivement
partagé. Le manque de reconnaissance dont nous souffrons tant vient de
l’impossibilité que nous avons d'exploiter nos potentiels à hauteur de nos
aptitudes réelles. Devenir adulte nécessite une révolution des rôles, des
postures et des manières de faire de tous, citoyens, technocrates et
politiques. Par l'intégrité,
la cohérence et la rigueur, les systèmes démocratiques ("pouvoir tenir parole,
pour tous, partout, tout le temps") doivent permettre de faire vivre les valeurs les plus
fondamentales pour un vraie fraternité solidaire ouverte,
pour une égalité ni abstraite ni arbitraire ni niveleuse, pour une liberté qui ne soit
pas une mascarade masquant
de profondes aliénations.
Nos modes de pensée et de raisonnement habituels nous font le plus souvent passer à côté du fait que ce qui permet risque toujours d'empêcher (en tant que moyen, que ce soit notre langage, notre conscience, notre raison, nos lois...) et que ce qui empêche peut parfois permettre (comme les difficultés, les obstacles, les échecs, l'adversité...). Ce paradoxe au fondement du tragique de l'existence requiert des efforts quasi surhumains pour être amené à la conscience et regardé en face. En conséquence, il est soit subi (renvoyant à des notions de destin, de fatalité ou de providence), soit instrumentalisé par quelques uns à des fins manipulatrices (machiavélisme de la maîtrise et des pouvoirs au détriment du bien individuel et commun). Nous avons beaucoup de mal à distinguer l'essentiel et l'accessoire, les raisons d'être et les objectifs, à articuler avec discernement les fins et les moyens. Par exemple, quand les résultats ne nous conviennent pas, nous pouvons mettre directement en cause les objectifs fixés ou les moyens affectés sans identifier clairement ce que ceux-ci apportent en réalité. Ou quand les résultats sont bons nous oublions vite que cela est dû aux objectifs que nous nous sommes assignés et aux moyens que nous avons mis en œuvre, et nous pouvons même aller jusqu'à les disqualifier, les modifier maladroitement ou les supprimer. Ou bien encore, d’une façon toute différente, nous pouvons nous laisser totalement fasciner et obnubiler par des objectifs ou des moyens, en en stigmatisant certains aspects destructeurs, mais en nous gardant bien au fond de changer quoi que ce soit, avec des résultats désastreux. Enfin, la question des moyens financiers est tellement problématique qu'elle vient perturber la définitions des objectifs (qui peuvent se trouver réduits à de l'affichage) et la mesure des résultats (dont les effets pervers de certains indicateurs se révèlent calamiteux).
Ainsi
pouvons-nous continuer de vivre dans des systèmes sociaux inadaptés, pernicieux et
même dévastateurs dont les conséquences absurdes et violentes nous sont sans cesse
renvoyées à la figure par l'actualité dans tous les domaines. Mais il
est trop facile de n'être jamais responsable et on a toujours un autre pas loin, un
"différent", un "étranger" à se mettre sous la dent, ou un
"lampiste" pour servir de bouc
émissaire. Peu sont ceux qui s'en formalisent et cherchent à se révolter. Leur
voix rencontre peu d'écho. Apparemment cela ne dérange pas grand monde...
Niveau d'ignorance de nos processus personnels intérieurs et méconnaissance des interrelations humaines - les effets négatifs cumulatifs sont tels que, parallèlement aux fantastiques évolutions des sciences et des techniques, nous subissons une profonde dégénérescence sociale, culturelle et intellectuelle. Ceci s'explique notamment par la non prise en compte des distinctions complémentaires entre les quatre aspects de la réalité : matérielle, conceptuelle, émotionnelle et universelle (faits, pensées, sentiments et symboles). Nous avons scié toutes les branches sur lesquelles nous étions assis. Elles ne repousseront jamais. Méfions-nous que les troncs ne servent à nous empaler. Environnement, éducation, santé, famille, médias, finance... les décideurs ont la tête dans leurs étoiles et jouent de la saturation de nos consciences, de la stérilisation de nos inconscients et du décervellement de notre intellect. La bêtise est banalisée, le vrai discrédité ("Citizenfour"). Nos pensées se posent en s'opposant - ce qui est légitime jusqu'à un certain point - et s'étonnent ensuite, certaines limites franchies, de se retrouver seules, isolées, sans repère. Nous sommes hors-sols et ne sommes plus reliés à ce qui donne sens et nourrit en profondeur : corps physique, sensibilité émotionnelle, réalité incarnée et fondements universels. Nous ne savons plus nous situer par rapport à la nature, à nos instincts, à nos pulsions. Une raison unilatérale hégémonique nous égare alors que tout est à inventer. L'avenir est pourtant devant nous car cela était bien souvent pire avant. Une essence d'arbre nouvelle est à faire pousser, aujourd'hui soit frénétiquement piétinée en faisant mine de ne pas y toucher soit rapidement arrachée à trop vouloir tirer dessus.
C'est par le manque d'une parole libérée
et distanciée (verrouillée par des clichés, des
préjugés et des rapports au pouvoir
autant archaïques que grotesques), par
l'absence de diagnostics approfondis et partagés et par l'usage de
méthodes totalement inadéquates et caduques que ne sont pas mises en
œuvre les démarches qui permettraient de s'orienter dans de meilleures
direction. L’excès
d’orgueil et
la gestion via des élites et des organisations
centralisatrices, bureaucratiques et paternalistes coupées des réalités de terrain ont des
effets tragiquement délétères. L'utilisation du fantastique potentiel de l'intelligence
des êtres humains - utilisation rendue possible à la fois par l'élévation du
niveau des consciences, la libération des
mœurs, l'aspiration des individus à un épanouissement ne se
réduisant pas aux seuls aspects matériels et
le développement des technologies
numériques - permet l'émergence de solutions nouvelles qui ne peuvent advenir qu'en acceptant imprévu et
inattendu, en lâchant certitude, arrogance et cupidité et en prenant au sérieux
la capacité de ces individus à une pensée critique.
Citations"Si les
hommes qui savent savaient vraiment, la puissance du savoir protégerait la terre
et l'humanité entière". Catherine Daudin-Risser
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